Santé mentale : rien sur le fond, tout pour la forme

Les annonces du ministre de la Santé du 11 juin dernier, faites dans le cadre du Comité Stratégique Santé Mentale et Psychiatrie, devaient contribuer à « réparer la psychiatrie », en cette année de Grande cause nationale. Hélas, elles nous montrent au contraire que les enjeux majeurs de la crise que traverse ce secteur ne sont toujours pas intégrés. Les intentions sont louables, les moyens pour y parvenir totalement décalés.

Alors que les lieux de soin sont saturés, aucun moyen supplémentaire n’est envisagé. Toujours plus de « repérage » mais sans lieux pour soigner et prendre en charge ce qui est « repéré ». Toujours plus de bricolage mais pas de professionnels dédiés, rémunérés à leur juste valeur et réellement formés.

Sous ce vernis communicationnel, les psychologues ne sont envisagés qu’en libéral ou par le prisme réducteur du dispositif Monsoutienpsy, qui doit cesser d’être le paravent qui justifie l’inaction. Mieux, dans ce « plan » nous apprenons que les psychologues de l’Éducation Nationale seront « formés au repérage des troubles de santé mentale » ! Quelle méprise et quelle méconnaissance de leur formation et leurs missions.

Alors que la transversalité des champs d’exercice de notre profession répond particulièrement bien aux problématiques posées par les questions de santé mentale (à l’école, à l’hôpital, dans l’entreprise, en détention, dans la protection de l’enfance…), ces annonces représentaient une occasion unique de reconnaître la contribution possible de l’expertise des psychologues. Cependant, si le but est de continuer à faire en sorte que ces professionnel.le.s quittent la fonction publique, alors celui-ci semble effectivement atteint.

Il est inacceptable qu’en 2025 les grilles indiciaires des psychologues de la Fonction Publique soient toujours bloquées sur des bases des années 1990, et qu’au lieu d’une revalorisation légitime, elles tendent désormais à s’aligner au niveau des professionnels diplômés Bac +3, alors que les psychologues sont recrutés à Bac +5 minimum. Ce déni de reconnaissance de compétence, de responsabilité et d’expertise est totalement en contradiction avec les ambitions affichées pour la santé mentale dans notre pays.

Partager le constat ne suffit plus, la FFPP ne peut se satisfaire de ces effets de communication. Il faut désormais des engagements clairs, concrets et rapides, à la hauteur des attentes légitimes de la population et des professionnels sur ces enjeux majeurs qui ne cessent, de rapport en rapport, de faits divers en faits divers, d’échouer à trouver des solutions, faute d’une réelle ambition.

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