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Intervention de Gladys Mondière, Présidente de la FFPP, le 28 septembre 2021 aux Assises de la Santé mentale et de la psychiatrie.

Bonjour,

Quelle délicate entreprise et exercice périlleux que de venir parler ici et aujourd’hui de la place possible des psychologues dans l’offre de soins.

Parce qu’aujourd’hui manifestent mes collègues un peu partout en France et peut-être les entendrez-vous ici devant le Ministère.

Pourtant, il nous est apparu important et nécessaire de répondre à cette invitation et de tenter de parler de notre profession, essentielle, de porter une voix et de la représenter le mieux possible.

Alors pourquoi parler des psychologues ?

Certainement parce que la crise sanitaire nous a rendu davantage visibles, notamment auprès des organismes de tutelles et que nous avons répondu massivement présents pour soutenir la population dans ce moment difficile et aussi présents auprès des soignants dans leur mission et leur engagement.

Finalement, qui sommes-nous ?

Compte tenu de la diversité de nos pratiques et de nos champs d’exercice, de la maternité aux Ehpad, on peut dire qu’une grande partie de la population a pu être amené à rencontrer un psychologue à un moment délicat de sa vie. Il n’a jamais été autant question des psychologues que depuis ces 18 derniers mois et pourtant, encore, on ne nous connaît pas si bien que ça.

Nous sommes un peu plus de 70 000 sur le territoire dans de nombreux champs aussi divers que l’aide sociale à l’enfance, l’éducation, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, les soins palliatifs, la psychiatrie, les maladies dégénératives, la santé au travail…

Nous travaillons dans les différentes Fonctions publiques, dans des associations (du champ du Handicap, notamment) et évidemment en libéral.

Notre titre, protégé légalement depuis 1985, est validé par 5 années post bac. Mais la majorité des psychologues complètent leur formation initiale par des formations complémentaires (spécialisation, recherche…).

Notre profession, a, depuis 1996, construit et mis à jour régulièrement son Code de Déontologie qui est notre dénominateur commun et garantit à l’usager des conduites professionnelles respectueuses de la personne, dans l’entièreté de sa dimension psychique, inaliénable. Elle souhaite le rendre opposable sans se soumettre à une instance ordinale.

Le lien entre psychiatrie et psychologie a de fait toujours été fort et nous regrettons le manque d’attractivité pour la profession des psychiatres, ce sont nos collègues de travail directs en particulier à l’hôpital.

En revanche, les études de psychologie attirent encore près de 25 000 étudiants en 1ère année, seulement 4 500 obtiennent le titre, après le master 2. Contrairement aux idées reçues, la sélection est sévère.

Ces dernières années, les lieux d’intervention des psychologues ont bougé, au profit de l’activité libérale.

En 10 ans, le nombre de psychologues a presque doublé, la pratique libérale ou mixte a augmenté de 171 % alors que le nombre de psychiatres libéraux reste stable sur cette même période. Les psychiatres hospitaliers ont augmenté de 18%, les psychologues hospitaliers ont quant à eux augmenté de 60%, mais le plus souvent sur des temps de présence très partiels.

Depuis plus de 50 ans, les psychologues travaillent auprès des patients en psychiatrie en équipe pluridisciplinaire et participent aux projets de soins. Issus des sciences humaines, ils proposent un pas de côté à l’approche médico-centrée par une écoute professionnelle et attentive. Leur connaissance en psychopathologie, psychologie clinique et psychologie du développement est non seulement appréciée et recherchée des professionnels et de la population avec lesquels ils travaillent mais se révèlent aussi un levier très efficace dans le soin psychique.

Si les psychologues commencent à quitter les hôpitaux et le service public, ce n’est pas par désintérêt pour le cœur du métier ni pour l’hôpital et ses missions de service public, mais davantage pour les conditions de travail. Les psychologues restent la profession la plus précarisée de la FPH, avec plus de 60% de contractuels à temps partiel. Sans trop vous ennuyer avec des chiffres, l’absence de revalorisation de la grille des psychologues depuis près de 30 ans fait qu’alors qu’ils gagnaient légèrement plus que les infirmiers, les kinés, les IADES et les IBODES, en 1995, aujourd’hui leur salaire est égal à celui des infirmiers (à Bac + 3 je rappelle), inférieur de 10% à celui des kinés, 13 % à celui des sage-femme, profession à laquelle nous sommes souvent comparés, etc…

Alors pourquoi notre profession fait tant l’actualité aujourd’hui ?

Parce que la population, qui a traversé la crise sanitaire (pas tout à fait terminée) et toutes ses conséquences psychologiques et économiques, est en demande d’accompagnement et de soutien psychologique. Mais les consultations des psychologues ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale.

En janvier 2020, Madame Buzyn a annoncé la mise en route de travaux sur cette question. Depuis, nous avons travaillé, nous la Ffpp et le Snp, avec Franck Bellivier et Marianne Perreau Saussine sur les montages possibles pour ce remboursement. On peut dire je crois que nous n’avons pas ménagé notre temps et notre énergie.

Le cadre de nos travaux a évolué en fonction de l’actualité, des mesures du Ségur, de la prise en considération des expérimentations menées par la Cnam depuis janvier 2018, des recommandations de la Cour des Comptes, des besoins de la population (enfants, étudiants) … de la mobilisation des psychologues.

Ces travaux n’ont jamais été mis sur la table auparavant. Force est de constater qu’il est difficile de résoudre la quadrature du cercle en moins de 2 ans, quand ces besoins étaient présents, criants, depuis de nombreuses années. Le travail d’équilibriste que nous avons mené jusque-là fut d’articuler les exigences de la Cnam (prescription, tarif) à la rigueur de nos propres exigences de métier.

Vous n’êtes pas sans savoir que les psychologues sont farouchement opposés à la prescription médicale de leur activité, au contrôle du temps de leur consultation, et revendiquent leur liberté thérapeutique. Ils demandent un tarif de consultation respectueux et cohérent au regard de l’engagement de la profession et de ses compétences.

Nous pouvons dire que nous avons avancé, mais que tout n’est pas gagné.

L’enjeu est d’envergure, répondre aux besoins de la population, en continuant de proposer des soins de qualité dans le respect du travail et des compétences des psychologues.

Je vous remercie de votre attention,

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