A la suite de l’attentat de Mulhouse le pays inquiet et affligé cherche des parades et la psychiatrie est, une fois encore, interpellée.
Nous alertons une fois de plus sur le risque d’amalgame entre affections psychiatriques et notion de dangerosité pour autrui. Les psychiatres et les soignants d’exercice public qui sont en responsabilité des soins sans consentement savent qu’en effet, des patients atteints de troubles mentaux délirants, animés par une conviction pathologique, peuvent réagir à leur délire par un passage à l’acte. Ceux-là relèvent d’une prise en charge psychiatrique étroite dans la période critique, puis d’un soin et d’une surveillance médicale au long cours. Mais fort rares ou exceptionnels sont les personnes atteintes d’une maladie psychiatrique avérée impliquées dans un attentat terroriste.
Acteurs de la psychiatrie publique, nous travaillons déjà de concert avec l’ensemble de nos partenaires, agents issus du monde du social et de la justice, dans l’intérêt de nos patients. Ensemble nous participons déjà à la sécurité publique et à la cohésion sociale.
Tous les patients, y compris ceux souffrant de troubles psychiatriques, ont droit à une prise en charge respectueuse de leur liberté, de la confidentialité des échanges et de modalités thérapeutiques basées sur des critères strictement médicaux. Or le phénomène de la radicalisation n’est pas un concept médical.
Le rapprochement des préfectures et des ARS ne peut que questionner. Nous regrettons les réactions qui implicitement montrent du doigt les professionnels de la psychiatrie et qui en conséquence veulent étendre nos missions car notre légitimité est basée sur le soin au malade et sur le soin seulement.
Nous dénonçons les décisions politiques prises en un temps record et sans concertation avec les organisations professionnelles, quand par ailleurs, les réponses politiques tardent tant, en dépit de nos multiples alertes sur la dégradation croissante de la psychiatrie publique.
Nous ne pouvons accepter l’exigence gouvernementale d’assurer un suivi socio-sanitaire de quelque citoyen que ce soit. Notre préoccupation première restant d’avoir les moyens nécessaires pour accompagner correctement des patients dans un processus d’insertion sociale de qualité.
Nous rappelons au Gouvernement que les psychiatres hospitaliers sont des médecins responsables, soucieux de leur indépendance professionnelle et du respect de leur déontologie médicale.
Olivier BONNOT – Président du Collège National des Universitaires de Psychiatrie (CNUP)
Marie-José CORTES – Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)
Claude FINKELSTEIN– Présidente de la Fédération Nationale des Associations d’usagers en Psychiatrie (FNAPSY)
Pascale GIRAVALLI – Présidente de l’Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP)
Thierry GODEAU – Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Établissement de Centres Hospitaliers
Jean-Paul LANQUETIN – Président d’honneur de l’Association pour le Développement de la Recherche en soins en Psychiatrie (ADRPsy)
Gladys MONDIERE – Présidente de la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP)
Annick PERRIN-NIQUET – Présidente du Comité d’Etudes des Formations Infirmières et des Pratiques en Psychiatrie (CEFI-Psy)
Marie-Noëlle PETIT – Présidente de l’Association Nationale des Psychiatres Présidents et Vice-Présidents de Commissions Médicales d’Établissements des Centres Hospitaliers (ANPCME)
Christophe SCHMITT – Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Établissement de Centres Hospitaliers Spécialisés
Norbert SKURNIK – Président par intérim de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)
Michel TRIANTAFYLLOU – Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)
